A chacun son métier. On ne peut pas être doué pour les carnets de style, la couture, les patronages, comprendre les tendances, innover dans les formes, les lignes, les coloris et imprimés, et comprendre parfaitement la photographie.
Et Dieu sait pourtant que les images qui vont être réalisées avec vos créations sont essentielles. Pour bâtir votre marque, donner envie à vos clients, vous faire remarquer par les professionnels du secteur et le médias et, évidemment, pour respecter votre vision.
A la suite d’une discussion hier avec une styliste, je me suis dit qu’il pourrait être utile de réaliser un court texte pour mettre au clair ce qu’un styliste doit savoir avant de signer le devis d’un photographe, et avant d’engager de l’argent dans une opération qui peut avoir l’effet inverse de celui souhaité : décrédibiliser la marque, faire fuir les clients.
Et vous obliger à refaire photographier vos collections par un autre.
On n’embauche pas un médecin généraliste pour une opération à cœur ouvert
A chacun son métier, et sa spécialité. De la même manière que vous préférerez (avec raison) un cardiologue pour votre opération du cœur, à un gynécologue ou à un médecin généraliste, il peut s’avérer très risqué d’embaucher un photographe “généraliste” pour une collection textile. Les photographes généralistes réalisent généralement des photos de famille, des photos d’école, des mariages. La plupart ne maîtrisent pas le problème des moires, des colorimétries imposées, des méthodes d’éclairage de la mode.
Évidemment, comme dans tous les métiers il est difficile pour un profane de séparer le bon grain de l’ivraie, le photographe bidon et le professionnel adapté.
Voici donc quelques questions que vous devez vous poser avant de choisir votre photographe.
1 – A-t-il bien compris quelles images vous souhaitez obtenir ? Est-ce des photos lifestyle, ghost, lookbook, crease & threw dont vous avez besoin ? S’il ne connaît pas au moins deux mots sur quatre : fuyez !
2 – Si vous avez insisté sur le respect des couleurs de vos créations, et que vous ne le voyez pas à un moment donné concentré sur un petit morceau de carton gris , puis à une petite palette de couleur, à l’endroit précis et sous la même lumière qui. éclairera le modèle, il y a fort à parier pour que le bleu céruléen qui vous a donné tant de mal à fabriquer apparaisse finalement bleu roi, vert d’eau, ou… rose 🙂
3 – S’il y a présence de flashes pendant la séance : utilise-t-il un flashmètre ? S’il n’utilise pas de flashmètre ou qu’il ne l’utilise pas à chaque fois qu’il change ses lumières : questionnez-vous.
4 – Vous a-t-il demandé sur quel support seraient utilisés les clichés et quel cadrage vous attendiez ? Il est évident qu’on ne photographie pas de la même manière une photo destinée à être publiée sur un web marchand, utilisée en fond blanc pour un catalogue papier, ou présentée en 4×3 sur des affichages Decaux.

Petit pense-bête pour les stylistes. Cadrage : close-up (1) , gros plan(2), plan Harcourt (3), plan poitrine(4), plan taille(5), plan américain(6), plan italien(7), plan large(8).
5 – Quelle relation a-t-il avec l’équipe artistique : make-up, coiffeur, décorateur ? Leur a-t-il donné des instructions ? L’équipe artistique a-t-elle eu l’air de comprendre immédiatement ses propos ? Si ce n’est pas le cas, il est probable qu’il n’a pas l’habitude de diriger une équipe. Il y a fort à parier que vous aurez un maquillage fraise des bois pour aller avec le tailleur vert pistache que vous avez créé.
6 – Avant de signer le devis, avez-vous consulté un catalogue complet réalisé par votre photographe ? Ce n’est pas parce qu’il y a de “belles photos” sur son site internet qu’il est capable de réaliser un travail aussi répétitif et précis qu’un catalogue lookbook. Où les images doivent être chartées, la lumière, les couleurs et les ombres toujours semblables.
7 – Quels tarifs pratique-t-il ? Evidemment s’il vous demande du black : fuyez, si les photos ne vous conviennent pas vous n’aurez aucun moyen de vous retourner contre lui. Et si ses tarifs sont trop bas, il est évident que cela ne lui suffit pas pour vivre, donc qu’il n’est pas photographe à plein temps : fuyez aussi. On calcule en général que 800 € HT est le seuil minimum pour une journée de travail dans la photographie professionnelle sérieuse (hors coiffure, maquillage, mannequin). En dessous de ce prix : méfiez-vous.
8 – Evidemment, avant de prendre contact avec lui vérifiez qu’il dispose bien d’un numéro de SIRET valide, et renseignez-vous sur lui. Vérifiez aussi que son code NAF (sur societe.com par exemple) correspond à l’activité qu’il prétend exercer. On a souvent vu des “photographes” avec des codes NAF correspondant à des entreprises de BTP…
9 – Vérifiez aussi son site internet. Si vous voyez que ce photographe est “spécialisé” dans le mariage, les enfants, le corporate, le packshot, la mode, la photo aérienne, le culinaire et la photo de spectacle, dites-vous bien qu’il doit aussi, si on lui demande, réparer les éviers, les accordéons et donner un coup de main pour la rénovation des façades. Fuyez !
10 – Assurez-vous du délai de livraison des clichés indiqué dans le devis. Au-delà de J+7 il y a plusieurs solutions : ou bien il accepte beaucoup plus de travail qu’il n’en peut fournir, et les clichés risquent d’être médiocres, ou bien il passe trop de temps dans la retouche, ce qui veut dire que les photos ne sont pas du niveau que vous êtes en droit d’attendre. Fuyez !
Il y a encore beaucoup d’autres méthodes pour vous assurer que vous avez choisi le bon professionnel, mais celles-ci sont déjà un bon départ. Et beaucoup d’excellents professionnels travailleront avec des méthodes différentes de celles que j’ai indiquées, mais c’est parce qu’ils connaissent bien leur métier et pourront se passer de certaines des choses que j’ai dites. Fort de ce constat vous devriez trouver celui ou celle qui va accompagner vos créations, vous aider à accroître votre clientèle, et contribuer à la légende de votre marque.
Comme toujours, n’hésitez pas à commenter cet article, et s’il vous a plu, à le faire circuler.
Nath-Sakura
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